Japon

Devenir Takumi

Au Japon, les maîtres artisans sont appelés des « Takumi » (たくみ) dont le kanji est :

匠 

Un Takumi doit avoir cumuler plus de 60 000 heures de travail (dans son domaine bien évidemment) pour avoir l’immense honneur de porter ce titre.

J’ai calculé, par rapport à mon expérience, qu’il me faudrait encore une huit années (en travaillant 10 heures par jour chaque jour) pour obtenir ces soixante mille heures, sachant que cela fait plus de vingt ans (22 ans pour être exacte) que je pratique le crochet, avec des périodes plus ou moins active : période de salariat, mise au monde et éducation des enfants par exemple :).

Devenir Takumi est bien plus qu’un simple objectif pour moi, c’est une sorte de dévotion pleine et entière à mon métier. J’ai conscience que la plupart des gens voit le crochet comme un loisir créatif, une activité un peu ringarde pour tromper l’ennui dans le pire des cas.

Mais pour moi, c’est un art zen, un artisanat ancien (les premières traces d’ouvrages en crochet remontant au temps des pharaons), intemportel même, qui a gagné sa place dans la haute-couture. C’est ma vie.

J’ai eu beaucoup de mal à trouver des informations sur les Takumi et un seul documentaire à ma connaisance, produit par la marque Lexus, qui travaille avec des Takumi pour la fabrication de leurs véhicules haut de gamme. C’est un drôle de paradoxe qu’un industriel de l’automobile mette à l’honneur des maîtres artisans, n’est-ce pas ? Je vous invite vivement à regarder ce documentaire, ne serait-ce que par curiosité, et pour les amoureux du Japon, c’est l’occasion de faire voyager votre esprit au pays du soleil levant:

Quoi qu’il en soit, je remercie infiniment Lexus qui m’a permis de découvrir une Takumi à qui je pense tous le jours, et qui m’aide à garder le cap. La fabuleuse et féérique Nahoko Kojima, qui pratique un art japonais traditionnel, le Kiri-e [切り絵] (découpage manuel de papier pour la faire courte), dont les règles sont immuables depuis un millier d’années. Ah, cette rigueur japonaise, dans laquelle j’aimerais m’immerger tel Obélix dans la marmite de potion magique.

Son travail, à la délicatesse et la précision incomparable, est tout simplement époustouflant. Elle représente tout ce que je souhaite atteindre dans mon domaine, et qui plus est, son atelier me fait littéralement baver d’envie. Un jour, je passerai moi aussi mes journées dans une machiya (maison traditionnelle japonaise dont le sol est recouvert de Tatami, unité de mesure au sol dans l’architecture traditionnelle japonaise). Mon atelier se situera à Nara (capitale médiévale du Japon où les biches vivent en totale liberté). Cette seule idée me donne envie d’arrêter d’écrire et de me jeter sur mon crochet.

Je vous laisse donc sur cette photo de l’atelier de KojimaSan pour reprendre mon chemin sur la longue route d’un Takumi.

Natacha votre prof de crochet

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